Ne serait-ce qu’un début ?
Hier soir (oui, nous sommes vendredi, hier, j’ai eu une journée un peu chargée) j’ai joué ce qui aurait dû être la dernière de mon spectacle. L’été dernier, ça me paraissait fou de prévoir 15 représentations de Tout le monde écrit des chansons. Et puis finalement, j’ai trouvé le rythme, le public a trouvé l’itinéraire pour se rendre au Théâtre Montmartre-Galabru, et ce show remplit de plus en plus mon esprit.
Peu à peu, ce qui était au départ une petite pause dans mon travail de compositeur. Un jour par semaine, à faire toujours la même chose – ou presque – ça mettait un peu de régularité dans un emploi du temps sans cesse en mouvement. Mais c’était sans compter les retours toujours judicieux de Frédéric Bouchardie (producteur, fondateur de la compagnie Let in Be) et d’Anne Goniaux (codirectrice de La musique de Léonie) qui m’aident à parfaire mon spectacle. Les conseils judicieux d’Éric Reynaud-Fourton et Marina Gauthier (directeurs du théâtre) et de Claire Tabard qui tient la régie du show m’ont permis de transformer ce qui était au départ une sorte de conférence humoristique en vrai spectacle, avec un fil conducteur qui me permet au fil des représentations de m’en écarter, sans jamais me perdre.
Il aurait été dommage de s’arrêter là.
Hier, j’étais malade. Extinction de voix, sueurs, faim, soif, etc. Et pourtant, à 19h30, j’avais de l’énergie à revendre. La voix n’est pas revenue tout à fait, mais j’ai réussi malgré tout à sortir des sons qui ressemblaient à de la musique. Comme mon spectacle n’est pas tout à fait un concert, on va dire que ça passait…
Mais surtout, je me suis senti vivant. Pleinement vivant. Et maître de moi-même. Je vous avoue que cette dernière expression : maître de moi-même, je l’ai effacée, j’ai cherché à la remplacer par d’autres mots, mais c’est exactement ça que je veux dire, même si ça ressemble à une phrase nulle de développement personnel bas de gamme. Sur cette scène du théâtre Galabru, je suis moi-même. Aucune triche. Ce que j’essaye de communiquer comme émotion, que ce soit le rire ou les larmes, ce sont les miennes. Pas des trucs pour être simplement efficace. Et j’ai bien conscience que je ne partage que ce que j’ai envie de partager. Je garde pour moi un paquet de trucs qu’il me serait trop difficile de diffuser au public.
Aucune allusion à Bach par exemple dans mon show. Aucune non plus à Verlaine. Ni Baudelaire. Ni Proust… Qui sont pourtant ceux qui m’accompagnent au quotidien depuis des années. Mais ça, c’est pour moi tout seul.
Pour l’instant.
Car forcément, après 15 représentations, je me mets à rêver à la suite. Une saison entière au théâtre Galabru, un mois à Avignon (!), et puis qui sait… un autre spectacle ? Sur l’histoire de la musique ? Sur le quatuor opus 47 de Schumann ? Sur les poésies de Paul Verlaine ? Sur les Fleurs du mal ? Sur la Recherche du temps perdu ? Sur la passion selon Saint Matthieu ? Sur…
Tout cela n’est finalement qu’un début… ma tête est déjà pleine de rêves. C’est bon de rêver.
Qui sont les plus fous d’entre-nous ? Les rêveurs, pensez-vous ?
Pendant que je réalise que ce mois de décembre marque le début de Tout le monde écrit des chansons, il faut tout de même aussi se dire que ce sont les dernières vidéos de notre calendrier de l’Avent (un dernier majestueux Raoul Ponchon ce vendredi)
Et bientôt aussi la fin de notre cycle Un an de chansons. Hier, pour l’avant-dernière vidéo, c’était un très joli poème de Jean-Luc Moreau. Mais… si ce cycle de vidéos n’était pas le dernier ? Est-ce que par hasard on n’en proposerait pas un autre l’an prochain ? Moins régulier car enregistrer 52 chansons nécessite quelques moyens que nous n’avons pas forcément, mais promis, nous y réfléchissons. Ça aussi, ce n’était qu’un début.
Chanson d’hiver