Vous avez sûrement, vous aussi déjà eu cette sensation qu’il s’est passé quelque chose. Quelque chose d’important et de déterminant. Dans votre vie, ou dans celle de tous.
Pour ma part, je me suis souvent dit ça… et j’ai déchanté ensuite. Un spectacle, une production qui nous paraît avoir prouvé à l’entourage, aux structures partenaires, que c’était la voie à suivre. Qu’il ne suffisait plus qu’un petit coup de pouce pour que “le monde change” (c’est mon mot favori). Ou du moins pour que les existences de ceux qui participent de près ou de loin à l’action embellissent.
J’ai quelques exemples en tête : une production, il y a plus de douze ans, mêlant musiciens professionnels, une soliste de renommée internationale, des enfants des écoles, des enfants d’écoles de musique, des choristes amateurs (pour beaucoup professeurs ou intervenants auprès des enfants susnommés…). Le spectacle fut un succès. Il s’est passé quelque chose, s’est-on dit alors. Et puis non. Impossible. On m’a même signifié qu’il était souhaitable que cela ne se reproduise pas.
Alors, nous avons créé la musique de Léonie. Pour essayer de maîtriser tous les maillons de la chaîne. Créations d’ensembles vocaux pour tous les âges et tous les niveaux (à partir de 4 ans !), constitution de l’orchestre de Léonie, etc.
Mais pareil. Nous faisons de belles choses, mais nous sommes trop petits. Quels que soient nos succès (relatifs, bien sûr), chaque année, chaque projet, nous devons prouver à nouveau que ça vaut le coup et qu’il faut nous faire confiance. Que nous ferons quelque chose de populaire, d’attractif tout en gardant une gande exigence artistique. Vous croyez ?, nous dit-on. Oui, on le croit, on le sait. Et nous nous battons avec nos petits bras, pour monter et remonter des projets qui nous paraissent essentiels.
Et puis, il y a eu le partenariat avec la Fabrique Opéra. Déjà l’an passé avec Carmen. Grand bonheur. Gros travail. Immense émotion partagée par tous. Il s’est passé quelque chose, s’est-on dit alors. Et puis, en fait, non. Ah, si… Peut-être que… Ah oui… On pourrait peut-être…
Grâce à toute l’équipe de cette Fabrique Opéra, menée par son directeur artistique qui – en toute objectivité – est vraiment un type hors norme, la machine s’est relancée jusqu’à cette production ABSOLUMENT MAGIQUE de La Flûte enchantée. Du Mozart dans un Zénith devant 3000 scolaires accueillant le chef comme si c’était une pop-star (pour tout de suite se plonger dans l’opéra dès les premières notes de l’orchestre), puis devant 10 000 spectateurs en trois soirs (un public debout à la fin des représentations !). Pas de doute, ce coup-là, il s’est passé quelque chose.
Et là, n’oubliez pas, qui que vous soyez, faites confiance à la Fabrique Opéra, l’an prochain aussi, IL SE PASSERA QUELQUE CHOSE.
Merci à toute l’équipe de la Fabrique Opéra, merci à toute l’équipe de la musique de Léonie. Bravo à tous. C’était génial. Vraiment génial.
À l’heure où j’écris ces lignes, ma pendule indique 7h07. Il faudrait que j’aille réveiller mes gars, parce que l’air de rien, on est lundi, la vie normale reprend. En bas de l’escalier, je les entends faire les singes (ha ha ha ha ha ha ha ha). Je monte… ah non… ils chantent. Il chantent (mal !) les vocalises de la Reine de la nuit. Normal à 7h07.
Il s’est vraiment passé quelque chose.