
C’est ça qui est éblouissant dans le Carmen de la Fabrique Opéra Val de Loire. Tout y est géant mais c’est l’humain qui gagne.
C’est l’humain qui est au centre du projet et même encore plus radical : c’est l’humain qui est au centre de chaque décision.
Et ça, le public le sent ! Car lui aussi, bien que géant (hier soir, pour la première de Carmen nous étions plus de 4500 si j’ai bien compris), est humain. Et ça riait, ça frémissait, ça réagissait. Comme si cet immense Zénith n’était pas plus grand que notre table de salle à manger lorsque tonton nous racontait une histoire.
Sauf que là, (pardon à tous les tontons), l’histoire est formidable, terrible, terrifiante… En un mot : géante. Car il s’agit… de passions humaines. Je ne vais pas vous dévoiler la fin, mais Carmen n’est pas et ne sera jamais une comédie, les passions humaines, ça dépasse forcément du cadre.
La lecture du programme fait frémir. Que de partenaires ! Que de structures impliquées ! Mais alors, c’est pourtant vrai, on peut inventer de nos jours un fonctionnement qui permet de travailler ensemble et de faire de belles et grandes choses ?
Ce principe : garder l’humain au centre, a tellement été partagé durant toutes ces années de production que chaque participant l’a inscrit au fond de lui. Dans le public, nous le sentons dès l’accueil.
Ça se sent aussi dans l’orchestre (on dirait un groupe de musique de chambre qui travaille ensemble depuis toujours !), chez les solistes qui s’écoutent mutuellement (quel magnifique quintette. C’est tellement rare de ne pas essayer de tirer la couverture à soi à l’opéra, surtout quand c’est virtuose à chanter), la mise en scène confiée à celui qui toute ces années avait assisté les différents metteurs en scène (bravo Quentin Delépine !), les décors somptueux (jamais un tableau – juste quand le rideau s’ouvre, avant même le premier son – m’avait autant ému que celui de la montagne, au début de l’acte III. Bravo Ludovic Meunier !), les costumes tellement bien trouvés. C’est beau, ça claque, c’est tendre, c’est tout ça à la fois. ouhaouh ! (Merci et bravo Paula Dartigues !).
D’autres larmes de joie : lorsque les jeunes prennent le pouvoir. Que ce soit les ados (merci et bravo à toutes et tous, ainsi qu’à Anne Goniaux) et particulièrement la guide (bravo Léanie !) ou bien sûr la maîtrise de Léonard (bravo aux enfants et à Louise Pidoux et Corinne Barrère !). Quelle pêche ! et quelle beauté dans ces costumes. C’était criant de vérité.
Quelle fierté bien sûr que la Musique de Léonie s’associe depuis le début à cette belle aventure avec la maîtrise de Léonard, et aussi le chœur opéra. Que ça fait du bien de vous voir sur scène ! Quel bonheur vous envoyez dans la salle ! On dirait que plus rien n’existe que ce projet. Et pourtant, je connais l’emploi du temps de beaucoup d’entre vous, et je sais à quel point c’est une organisation difficile pour être là à toutes les répétitions, pour avoir réussi à tout travailler, à tout apprendre par cœur, pour prendre le temps de lire les 274 pages de notes que l’incroyable Corinne Barrère vous communique après chaque répétition. (J’ai pris quelquefois de bonnes décisions dans ma vie. Une des meilleures est de m’être arrangé pour travailler régulièrement avec elle. Comment fait-elle pour me stupéfier encore après 20 ans ?…)
Vous connaissez le début de l’opéra ? C’est une musique très enjouée qui donne plutôt envie de claquer des mains. Eh bien, moi : j’ai pleuré. Oui, aux premiers accords. Soufflé par le son de l’orchestre. C’est grâce aux instrumentistes, mais aussi à la technique. Belle prouesse des deux côtés ! Et puis, j’ai beau le savoir, mais j’ai réalisé que l’humain, au centre… c’était mon frère. Alors je sais, on va encore me dire que je ne suis pas objectif. Mais je suis désolé, je l’affirme encore cette année : mon frère est un génie. Un géant à taille humaine.
Merci à tous !
Je n’ai qu’un regret, c’est de n’avoir pas la possibilité comme les autres années de venir à toutes les représentations. Alors, tous mes vœux de succès pour les trois qui restent !
BRAVO !
Julien